Pas de moratoire sur les claims miniers: «c’est travailler à l’envers»

Les propos de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, voulant qu’imposer un moratoire sur les claims miniers serait «dangereux» sont accueillis comme une douche froide chez ceux qui le réclamaient.

«Il serait dangereux de faire un moratoire, parce que ça enverrait un message que le Québec freine la décarbonation de l’économie», a déclaré Mme Blanchette Vézina, vendredi, lors d’une interpellation au Salon bleu.

La porte-parole de Québec solidaire en matière de ressources naturelles, Alejandra Zaga Mendez, dont le parti réclame une telle mesure, venait de mentionner que le nombre de claims miniers avait bondi dans la province, entre janvier 2021 et juin 2022, ayant augmenté de 408% dans Lanaudière, de 211% en Outaouais et de 71% dans les Laurentides. Un claim donne à son titulaire le droit exclusif d’explorer le sol.

Benoît Lauzon, dont la MRC demande depuis longtemps un moratoire sur l’attribution de nouveaux claims miniers, qualifie de «décevantes» les déclarations de Mme Blanchette Vézina, surtout que celle-ci a annoncé la tenue de consultations publiques sur le dossier de l’encadrement des activités minières. Les consultations auront lieu à Québec les 14 et 20 avril.

«Il n’y avait aucun message négatif d’aller avec un moratoire étant donné que le moratoire demandé était seulement pour les zones touristiques et de villégiature au Québec, indique M. Lauzon. On ne demandait pas un moratoire pour l’ensemble du territoire québécois. C’est quelque chose qui nous aurait donné le temps de travailler de façon responsable. On dit à l’industrie minière qu’elle ne peut pas prendre claims n’importe où car le gouvernement a été clair en campagne électorale qu’il n’y aurait pas de mine sans acceptabilité sociale. De dire à l’industrie qu’il n’y a pas de moratoire, prenez des claims et on vous dira tantôt s’il y a de l’acceptabilité sociale ou pas, c’est travailler à l’envers.»

«On ne veut pas fermer le buffet à volonté»

Le porte-parole de la Coalition québécoise des lacs incompatibles avec l’activité minière, qui représente plus de 100 associations de protection de lacs au Québec, Louis St-Hilaire, s’explique mal le raisonnement de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts.

«On a de la difficulté avec la raison qui est donnée par la ministre, dit-il. On ne veut pas déplaire aux investisseurs internationaux, mais quel signal envoie-t-on à tous les citoyens du Québec qui sont de plus en plus préoccupés par ce dossier-là?»

M. St-Hilaire, qui préside aussi le Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation, en Outaouais, soutient qu’il fait confiance au gouvernement pour apporter les modifications nécessaires à la Loi sur les mines, mais ces propos de la ministre jettent un voile sur la réelle ouverture de Québec dans le dossier.

«Dans le fond, en faisant des consultations publiques, le gouvernement reconnaît qu’il y a des améliorations à apporter à l’encadrement minier au Québec, mentionne M. St-Hilaire. Pour nous, l’encadrement au Québec, c’est un peu un buffet à volonté pour les minières et là, on dit ‘’non, non, on ne veut pas fermer le buffet à volonté, le temps de faire des ajustements’'. Pendant ce temps-là, ça claim […] On fait confiance au processus, mais on vient de nous insuffler une dose de doute.»

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